Etienne St. Julien de Tournillon to Nicholas P. Trist
mon Cher trist | 20. juillet 1820. |
Depuis La réception de Votre lettre du 20. avril ul. j’ai eu plusieurs accès de fièvre qui m’ont Confinés pendant deux Semaines dans la maison; le voisin est, très-à-propos, venu à mon aide et j’ai été très Satisfait de Sa manière de me traiter; ma fièvre dont l’intensité allait Journelement Croissant a cédé assez facilement aux remèdes qu’il m’a administrés et depuis qque tems je Suis, grace à Ses Soins, parfaitement rétabli.
je crois vous avoir dit dans une de mes précédentes que Votre maman avait de tems-à-autre des Coliques d’Estomac; je me persuadais dans le principe qu’elles Se dissiperaient insensiblement, mais au contraire les attaques Se Sont rapprochées au point qu’elle vient de commencer un traitement toujours Sous la direction de notre Voisin M. nous ne pouvons nous appercevoir de qque changement, les remèdes n’ayant point encore eu le tems d’opérer; mais, j’en augure favorablement. mary a été vaccinée ces jours derniers, elle a été très peu indisposée; J. jouit d’une parfaite Santé, Et mad. Brown continue toujours dans un état qui nous permet d’espèrer que nous aurons le bonheur de la posséder long-tems avec nous.
nos récoltes qui d’abord ont langui pendant une longue Secheresse Souffrent présentement pour une cause toute opposée: depuis Cinq Semaines nous avons constament la pluie ce qui nous enlevera une prèmière Ceuillete; néanmoins nos maïs Sont généralement beaux et la récolte en Sera abondante. les cotons Se Vendent 19. a 20c tout porte à croire qu’ils maintiendront ce prix toute la Saison prochaine; ou S’il y a qque variation elle Sera peu Sensible: c’est l’opinion génér[ale.]
Les Élections dans La Louisiane ont été chaudes: chaque Candidat, ils étaient au nombre de quatre pour la place de gouverneur et deux pour celle de representant au Congrès,1 avait dans chaque paroisse un parti bien prononcé; il paraît d’âprès le depouillement du Scrutin que mr Robertson réunit la majorité pour gouverneur, Si toutefois, les chambres ne Se prévalent pas de la Sotte clause de notre constitution, clause qui leur permet de faire un choix parmi les deux candidats qui ont réunis le plus de Suffrages de Sorte que celui qui a une majorité peut fort bien être mis de côté Si, les chambres, dans leur Sagesse, le jugent convenable. Vous verrez figurer au congrès pour notre representant, E. Livingston qui, pour cette fois, a complétement gagné Son procès: cette nomination Va mettre mad. L. à même de [. . .] produire Sa demoiselle dans les Cercles à Washington; car, à n’en pas douter, elle accompagnera Son mari ne fut-ce que pour ce motif qui, Selon moi, est bien plausible!
au moment où je vous écris, Casimir nous apporte Votre lettre du 20. Juin. j’avais toujours présumé que le défaut d’espèces était le grand obstacle à Votre voyage en Virginie et malgré le contenu de Votre lettre je crois encore mes Soupçons fondés; je ne puis me consoler d’être la cause involontaire de ce retard; mais enfin je crois que vous n’êtes pas le Seul à plaindre dans cette occurrence … puisque vous avez eu assez de résolution pour différer cet agréable voyage, prenez patience: une année est bientôt expirée. Votre maman va vous écrire incéssament, mieux que moi elle peut Vous donner les conseils que vous demandez.
j’ai reçu, par le même Courrier, une lettre de Votre frère, elle est du 16. juin: il paraît être déterminé à aller au collège; mais il est encore indécis Sur le choix. M. J. lui a désigné Columbia dans la caroline du Sud, Mr Stack Son instituteur lui recommande philadelphie, il Semble pencher pour cette dernière place. Sa lettre marquée au coin du plus juste raisonnement respire L’amitié pour toute la famille: j’ai les plus heureux pressentiments Sur Son Sort à venir; on a toujours lieu de tout espèrer d’une conduite aussi exemplaire que la Sienne.
Vous Voilà, mon cher trist, parvenu à un âge, où les [. . .] desirs vont Se multiplier à L’infini Sur vos pas; quelque Soit le genre de vie que vous embrassiez, ou politique ou privée Vous allez rencontrer à chaqu’instant des obstacles: ne vous rebutez jamais; pénétrez-Vous bien de cette vérité, qu’il faut un commencement à tout. Les hommes, Vos amis quelquefois Se plairont à froisser vos opinions à contrarier vos idées, ne donnez crédit à leurs remarques qu’autant qu’elles coïncideront avec les principes que Vous profféssez. ne vous laissez jamais dominer par vos passions; celui qui ne peut les réprimer S’expose à une Série de Calamités: Si Vous embrassez la vie militaire, rappelez-vous que le premier devoir attaché à la proféssion [des] armes, est L’obéissance; Si vous préférez la vie politique, Songez qu[e vous] Vous devez entièrement aux Citoyens qui vous ont honorés de leur confiance Si Vous inclinez pour la vie domestique et privée; celle ou L’on ne vole ni à la gloire ni à L’immortalité mais où L’on goûte le vrai et le parfait bonheur; pensez à rendre heureuse votre famille et consacrez-vous entièrement à ce Soin. Voilà, en leger apperçu, les devoirs auxquels nous Sommes appelés; ils Sont tous faciles à remplir pour L’homme de bien.
adieu, mon cher trist, peut-être trouverez-Vous que je moralise trop! le desir de vous voir prospérer, celui de vous Savoir heureux, dans n’importe quel genre de vie que vous choisirez: voilà les voeux de votre ami et père.
editors’ translation
my Dear trist, | 20. July 1820 |
Since the reception of your letter of last April 20, I have had several bouts of fever that kept me confined to the house for two weeks. The neighbor came to my rescue at the right time and I was pleased with the way he treated me. My fever, whose intensity kept increasing daily, ceded fairly easily to the remedies that he administered, and thanks to his care, I have been for some time perfectly well again.
I believe I told you in one of my previous letters that your mother suffered from time to time from stomachaches. At the beginning I persuaded myself that they would gradually dissipate, but quite the contrary, the fits came at shorter intervals, to the point where she has now started a treatment, still under the direction of our neighbor, M. We cannot perceive any change, the medicine not having had time to take effect yet, but I look on it favorably. Mary was vaccinated one of these last days. She was very little indisposed. J. enjoys perfect health, and Mrs. Brown continues to be in a state that allows us to hope that we will be blessed with having her with us a long time.
Our crops, that at first languished during a long drought, presently suffer from a totally opposite cause. Since five weeks ago we have had rain constantly, which will take away a first harvest from us. Nevertheless, our corn is generally beautiful, and the harvest will be abundant. Cotton sells for 19 to 20 cents, and everything leads one to believe that it will maintain its price during the next season, or, if there is some variation, it will not be felt much. That is the general opinion.
The elections in Louisiana were heated. There were four candidates for the position of Governor and two for representative in Congress, all had in each parish a very solid following. It appears from the counting of the votes that Mr. Robertson has the majority for Governor, if, however, the houses do not take advantage of the silly clause of our constitution, a clause that allows them to make a choice between the two candidates with the most votes, so that the one who has a majority may very well be set aside, if the houses, in their wisdom, deem it proper. You will see, standing as our representative in Congress, Mr. Livingston, who, this time around, has thoroughly won his case. This nomination will put Mrs. L. in the position of bringing out her little lady into the circles of Washington, for, without a doubt, she will accompany her husband, be it only for that reason, which, I believe, is quite plausible!
At the time that I write you, Casimir brings us your letter of 20 June. I had always presumed that the lack of cash was the great obstacle to your trip to Virginia, and despite the content of your letter I still believe that my suspicion was founded. I cannot console myself for being the involuntary cause of that delay, but, in short, I believe that you are not the only one to be pitied in this occurrence. Since you are quite resolved to postpone this pleasant journey, be patient, one year passes quickly. Your mother will be writing you shortly; she can better than I give you the advice you seek.
I have received with the same mail a letter from your brother. It is dated 16 June. He seems determined to go to college, but he is still undecided as to the choice. Mr. J. has pointed him toward Columbia, in South Carolina. Mr. Stack, his tutor, recommends Philadelphia. He seems to lean toward the latter place. His letter, bearing the mark of the most sensible reasoning, exudes friendship for the whole family. I have the happiest feelings about his destiny in the making. There is always reason to expect everything, with a conduct as exemplary as his.
So, here you are, my dear Trist, having reached the age when desires are going to multiply infinitely with every step. Whatever life you choose, be it in politics or private, you will run into obstacles at every turn. Do not ever get disheartened; fill yourself with this truth, that one must start somewhere. Men, your friends sometimes, will take pleasure in hurting your feelings, in going against your ideas. Give credit to their comments only in so far as they coincide with the principles that you profess. Do not ever let yourself be dominated by your passions. He who cannot repress them exposes himself to a series of calamities. If you embrace military life, remember that the first duty attached to the profession of arms is obedience. If you prefer a life in politics, bear in mind that you must turn yourself entirely over to the citizens who have honored you with their trust. If your inclination tends toward a private, family life, in which one does not soar toward glory or immortality, but in which one savors true and perfect happiness, think of making your family happy and devote yourself entirely to this task. Here you have it, at a quick glance, the duties to which we are called. They are all easy to fulfill for the honest man.
Farewell, my dear Trist. Perhaps you will find that I moralize too much! The desire to see you prosper, to know that you are happy with whatever life you choose, these are the wishes of your friend and father.