Marie Jacinthe de Botidoux to Martha Jefferson Randolph
31 octobre 1798==Maison de Noailles rue St Honoré près La place Vendôme à paris |
après huit ans de Silence je recois donc enfin de Tes nouvelles Chere Jefferson tu ne Sauras jamais Le plaisir que j’ai Eprouvée En recevant La Lettre de Bruny qui Me parloit de toi, Et je ne sais trop même si je devrois te L’avouer Car Ces 8 années de silence Me pésent toujours sur Le Cœur. quelle raison pourras tu me donner pour t’excuser; Et d’autant plus qu’il Me paroît que tu as reçus toutes Les Lettres que je t’ecrivis La première année de ton départ, Montant En tout, je M’en Souviens à 80 et tant de pages. tu ne daignas pas m’y répondre une Seule Ligne—par quel hazard donc te Souviens tu de Moi a present? Si j’appuyois davantage La dessus je ne t’Ecrirois que pour te faire des reproches, il Vaut mieux Etre généreuse Et te pardonner tout; Cependant à une Condition, que tu M’Expliqueras ta Conduite d’une Maniere, un peu Satisfaisante, Car si tu ne Me L’Expliques1 pas je retracte tout Ce que je vais t’Ecrire==a present que j’immagine parler à Ma petite Jeff de panthemont je te dirai que tu es toujours Ma chere et Bonne amie, Malgré tous tes torts Mes sentiments n’ont pas Changé pour toi je peux te dire sans Exageration qu’il ne s’est pas passé un jour sans que je [. . .] n’aye pensé a toi, je ne pouvois pas Expliquer ta Conduite Et Cependant je me disois, il Est impossible que jeff. ne m’aime plus, nous avions avons Ete Trop Liées2 pour quelle M’ait Entierement oubliée. La veille que je recus La Lettre de Bruny je parlois Encore de toi Et je faisois Cette Même reflexion. tu m’as pourtant fait bien du chagrin après 3 mois, 6 mois passés sans avoir eu de tes nouvelles je ne savois que devenir. Lorsqu’on vouloit me faire pleurer on n’avoit qu’a te Nommer. toi pendant tout Ce tems La tu ne pensois Seulement pas à moi, j’ai beau faire Cette idée Me revient toujours. Combien de personnes aimes-tu mieux que moi a present? tu ne Croirois peut-Être pas que je suis jalouse Et Cependant je La suis, j’ecrivois il y a 2 jours à Bruny que je Voulois te demander si tu L’aimois mieux que moi. parle Moi franchement. suis-je Encore ta bonne amie? je suis bien sure qu’a panthemont j’étois Celle que tu aimois La mieux. mais il y a bien des années de Cela, Et C’est si ridicule d’Etre Constant! Si je La suis je ne m’en fais pas un mérite C’est bien malgré Moi. je me suis dite bien souvent—que tu es bête d’aimer cette Jeff & & je n’y ai rien gagné. a present je n’en Serois pas bien fâchée si je te retrouvois La même.
Seroit-il possible que ton mari realisat son projet de venir dans Ce pays Ci Mon dieu Ma Chere La tête me tourneroit si je te revoyois, tu ne pensois pourtant pas à Moi en faisant Ce projet, tu parlois de t’etablir auprès de Chez Bruny Et pas un Mot de Moi. tu Es bien heureuse d’Etre a Mille Lieues d’ici tu n’aurois que Des reproches, mais si Loin Et tant de difficulté pour s’ecrire il faut de nécessité ménager mieux son tems Car il faudroit des années pour se raccommoder, si tu Etois ici je te tiendrois rigueur.=Concois tu Cette petite sotte de Bruny qui a Eté ici trois Mois sans m’avoir trouvée. il Est vrai Comme je Le Lui ai Mandé qu’elle ne M’a pas cherchée. Ce qu’il y a de plus piquant C’est qu’un de mes Beaux freres parent de son Mari y Etoit dans Le Même tems, il La voyoit tous Les jours il Me voyoit de même tous Les jours Et un Maudit hazard fait que jamais il ne prononce mon nom devant Mde salimbieni. Ce n’a Eté qu’a son retour à Nantes qu’elle a su qui j’etois Belle Sœur de mon Beau frere3=je parie que tu dis en Voila déja bien Long et je ne sais encore rien de Ce qui regarde Bot—Es tu Mariée, & &=Non Ma Chere je ne suis point Mariée je suis vieille fille Et je n’en suis pas très fâchée, puisque je n’ai jamais aimé personne. si on me disoit de Choisir pour Mari L’homme que je voudrois Entre tous Ceux que j’ai jamais vus, qu’on Lui donneroit Cent Mille Livres de rente—je ne choisirois personne ainsi tu vois que je suis un peu Singuliere. du reste j’ai assez Le même caractere qu’au Couvent. dix années de revolution dont j’ai Eu une bonne Part ne m’ont pas donné Beaucoup de raison, je suis toujours gaye passablement Enfant. je jouerois Encore volontiers à La Climusete4 Seulement je n’y passerois pas mes journées Entieres comme autrefois je suis très philosophe, tu ris surement de voir Cette qualité après Les autres; mais enfin il Est Certain que je suis une vraie philosophe. j’ai pris mon parti surtout Ce qui feroit Le Malheur des autres Et Cela ne m’a pas du tout Coûté, je n’ai jamais Eté riche, mais javois une jolie fortune, j’en ai perdu Moitié de Maniere que je suis a peu près pauvre5 a present Et6 je ne m’en soucie guere7. tu sais qu’autrefois sans s’en défier on avoit passablement8 d’amour propre. aller En fiacre Etoit un déshonneur, aller a pied avec une femme de Chambre Et9 un domestique Ne se permettoit que très10 rarement, a present tu rirois trop si tu Me voyois Courir seule Les quatre Coins de paris [. . .]11 Et Cela depuis trois ans. L’hiver il n’y a pas de souliers assez forts pour resister a La Boue Mais il faut aller tout de même.12 il n’y a que Les grands seigneurs qui prennent des fiacres. Mon ambition ne se porte pas jusque La. Comme des gens plus riches que Moi autrefois se trouvent dans La Même position, je trouverois ridicule de m’en plaindre mais d’ailleurs Comme je te L’ai déja dit Cela ne Me Coute pas du tout.=Je suis toujours patriote Comme En 89. aussi juge Comme j’aime ton pere. tu sais que dès Ce tems C’etoit Mon Heros a present C’est une vênération13 un Enthousiasme que je ne peux te rendre. je Le Ne suis pas La seule a L’aimer au Moins et tu en devines bien La raison. il ne se Souvient surement pas de m’avoir vue Cependant dis Lui quand tu Le verras N que je n’ai point oublié Ses Complaisances d’autrefois. avec quelle patience il Laissoit déranger Sa Bibliotheque &.
Comme il faut Ménager ses plaisirs et que d’ailleurs Le passé Est ma Petite Leçon je ne te parlerai pas de mes aventures pendant 4 ans jusqu’a ce que j’aye reçu de tes Nouvelles et Cela En grand Détail en Cidevant14 pensionnaire. tu m’en dois tant d’ancien que Si tu ne m’ecris pas 20 pages au moins je ne te dirai rien de Mon histoire Heroi-Comi-tragique. on peut La prendre dans Le sens Qu’on veut attendu qu’il y a de tout dedans Et que D’ailleurs tout dépend du jour dans Lequel on voit Les Evenements par Exemple Lorsque je voyageois sur un cheval Be[. . .] Boiteux Et aveugle qui me jettoit dans des tas de Boue si au Lieu d’Eclater de rire de Ma tournure je L’avois regardée du Coté Sentimental il y avoit dequoi attendrir Les âmes sensibles, ainsi du reste. Ne vas pourtant pas me prendre pour un Cœur dur au moins. de Ce qu’on ne parle pas toujours sensibilité ce n’est pas dire qu’on n’est pas Sensible, Malheureusement je ne La suis que trop je voudrois bien ne pas t’aimer autant ainsi que mes autres amis, alors je n’aurois jamais de chagrin Car je n’en ai que de Ceux du Cœur. pour Les autres je Les regarde du Coté plaisant. J’ai eu un grand bonheur dans Les 2 années terribles que nous avons passées. une bonne tête. Mon frere proscrit, moi En prison & je ne L’ai jamais perdue J’en Excepte Cependant trois ou quatre Moments de desespoir a des Epoques differentes. Ceux La je n’y pense jamais, ils n’ont point de Coté plaisant même a present que Le danger Est passé Et que Nous nous En sommes tirés sains et sants de Corps sinon de fortune.
parlons un peu de nos anciennes Connoissances. ta bonne amie mde V illiers avoit Emigré avant Le 10 aout avec 25 ou trente de ses parents tant Neveux que nieces, Cousins, freres & pendant un an ou deux ils ont Eu de L’argent mais depuis 2 ou 315 ans ils sont dans La plus grande gêne, enfin ils sont au secours des anglais à Londres. Ce qui tu Sais est un Silling Schelling par personne. grandval s’est Mariée Et a un fils. qui quite ne L’est pas Et n’est pas aussi belle quelle Le promettoit. Le frere de mde V. Chouchou16 a epousé Varicourt ils doivent Etre17 a present à La Martinique. Leur sort sera toujours malheureux, d’abord parscequ’ils ont Emigré Et parsceque Mr V. Et toute Cette famille avoient appellé Les anglais dans L’isle Lorsquelle a eté reprise tu sens bien qu’ils n’ont pu y rester.
Lançon a Epousé un mr Janvier Monneron. homme très riche qui a de grandes propriétés a L’isle de france. il est dit-on un Brave Et honnête homme Mais immagine toi une Carricature anglaise d’un indien Et tu auras une idée de La personne du ton Et des Manieres de Mr Monneron. Jenny Bouscaren s’est aussi mariée à un mr Le roux prinssay, Bon Enfant. Mais pas plus Chargé18 d’esprit qu’il ne faut. Toutes deux ont des enfants. La Vieille Bethisy19 Est Morte. Mde Virieux Est dans sa province. des religieuses20 Mde Crofton s’est dit-on Mariée et a trois enfants. Mde delbe vivoit avec elle dans Les Commencements Chez La fameuse Mlle gamache Je ne sais pas si elles se sont quittées=Mde De vize Est Morte. Mde defay demeure à près de 10 Lieues de paris chez un de ses parents. Mde de Meirole21 Est aussi à 10 ou 12 Lieues de paris dans un vieux Château ou on La Loge pour rien. Mdes Matharele et du Chery sont Chez Leurs parents. La Mere Brugnon a trouvé une de ses tantes vieille et riche près de Bordeaux qui L’a prise Chez elle ou elle est parfaitement. Etois tu Encore ici Lorsqu’elle fit Le voyage d’Irlande toute seule22=mdes trelissat et sabathier ont retourné dans Leur province pour vivre ensemble; elles ont Eté obligées de se séparer faute d’argent. je Crois que mde trelissat va venir à paris pour suivre L’education de La fille de Marnezia dont mlle Putteney prend soin et qu’elle a Confiée à Mde trelissat. tu sais que ta vieille Maitresse Mde Taubenheim Est Morte. je n’ai pas entendu parler de sa sœur mde de Sainte depuis 6 a 7 ans. elle avoit Eté Chez son23 frere qui avoit Epousé une Chanoinesse de Remiremont=Les Sœurs Converses ont retourné Chez Leurs parents ou se sont Mises en service. elles se tirent passablement d’affaire. sœur Clotilde si grognone est Morte24=tu sais surement que Lady Caroline Est Mariée à un mr Barham. il est au parlement et a dit-on beaucoup d’esprit et de merite. Lady Elisabeth Comme moi est Vieille fille—a moins qu’elle ne se soit Mariée depuis deux ans.25=j’ai fait un voyage à Londres il y a deux ans pour voir une amie intime. j’y passai si peu de tems que je Ne Les vis pas. elles n’etoient d’ailleurs pas À Londres. j’avois assez envie de Leur Ecrire Mais tous Les français me repetoient Continuellement qu’ils avoient Eté fort Mal reçus de Leurs anciennes Connoissances. qu’ils Croyoient toujours qu’on alloit Leur demander de L’argent & &. je n’osai pas tenter L’aventure. j’aurois Eté trop peinée de ne plus rencontrer Mes anciennes amies=dans une Lettre je ne pouvois pas Leur dire=je ne suis point Emigrée Consequemment je n’ai point besoin de vous ainsi vous pouvez me revoir sans Crainte26 &c.=En se voyant dans deux secondes on s’entend. ce n’est pas ainsi En s’ecrivant. je ne Leur Ecrivis donc point partie par amour propre partie par un peu de frayeur de ne plus les trouver Comme autrefois=je revis daschwood dont je fus Enchantée. C’est une Excellente Enfant Mais il faut Connoître ses singularités pour apprecier ses bonnes qualités, autrement on Seroit sujet à se tromper sur son Compte Et a prendre pour L’ennui de vous voir du Caprice ou autre chose Ce qui n’est que L’effet de La singularité de son Caractere Sa bonne tête n’a fait que Croître et Embellir. Etant immensement riche Et jolie personne elle fut recherchée par d’excellents partis, quelqu’uns Lui plurent pendant 8 jours, quelqu’uns davantage mais elle finissoit par Les renvoyer ne Voulant disoit-elle Ecouter que son Cœur et voulant de même n’être recherchée que pour elle même &. Elle m’ecrivoit quelques fois des tirades de raisonnements. qu’elle Etoit trop jeune pour prendre un Engagement, quelle vouloit Etre plus sure d’elle même avant de se Lier pour La vie & & (tu La Connois) au bout de tout Cela elle voit un jour au bal Chez son frere un Mr Lee tres joli Cavalier dit-on, mais aussi très mauvais Sujet, n’ayant pas Le Sol. La voila amoureuse folle de Ce Mr Lee Le roman ne dure qu’a peu près un mois, un beau jour elle part avec Lui pour L’Ecosse et se Marie. tu immagine bien que Cette belle passion ne fut pas de Longue durée; après 6 mois de Mariage ils se Brouillerent Et se séparerent. Malheureusement En se Séparant elle fut obligée de Laisser Moitié de sa fortune à son Mari. elle n’a pas d’enfant27=Je La retrouvai tout aussi romanesque mais tout aussi bonne Enfant qu’autrefois. elle Me fit Mille amitiés elle avoit grande Envie de venir s’Etablir en France mais elle n’etoit pas Libre de retirer sa fortune de La Banque. Elle Est très patriote Et Consequemment M’aimoit Encore davantage qu’autrefois. elle Etoit si fort Enthousiasmée par Le patriotisme quelle avoit fait de moi une des plus belles femmes28 du Monde=j’avois absolument La tête d’une romaine. Ce qi’il y avoit de Meilleur C’est quelle avoit fini par se Le persuader et quelle me Vantoit à toutes ses Connoissances, un jour Entrautre elle avoit Ecrit à son frere de venir diner avec La plus belle superbe femme qu’il eut jamais vue. Cette superbe femme etoit Moi.29 heureusement qu’il ne vint pas Et Comme il ne m’a pas vue il sera Libre de Choisir Ma ressemblance dans Les plus belles statues d’Italie30=
tu peux te faire une idée de La belle romaine En me voyant 10 ans plus vieille qu’a panthemont Et au Lieu de ma grande blancheur qui Comme tu Le sais etoit Mon seul avantage, une Espece de jaunisse31=du reste dashwood Est devenue bel Esprit. elle a une grande table ronde Couverte de Livres Et De Cahiers Car elle Compose, elle a un Commencement d’un Essay sur L’homme Ensuite une autre Commencement d’un Essay sur La revolution &c &c. Sa morale Est un peu dans Le genre de ses romans, plus pour La parade qu’en Effet. je suis sure que si je retournois à Londres je retrouverois La table ronde Et Les Cahiers a peu près dans Le Même Etat. C’est pourtant dommage quelle ait si mauvaise tête Car elle a reellement Beaucoup d’Esprit et de talent.32=son frere a Epousé La petite Lady anne Maitland que tu as vue33 avec Gavin. Elle n’avoit pas de fortune Mais il L’aimoit. depuis L’amour a passé Comme Celui de sa sœur Et de plus il Est ruiné=dans Ce voyage je Vis aussi Hawkins, maintenant Mrs Curson. Ma chere il y auroit des volumes a te racconter mon Sejour Chez elle. elle Est réellement trop plaisante=d’abord elle vint d’oxford à Londres Exprès pour me voir—Moi à La francaise je vais Lui sauter au Col=elle me fait à L’anglaise une petite Reverence, un petit souris et me dit ah bon jour ma Chere—tu Es du pays ainsi tu Connois Ces Manieres=elle M’engagea Beaucoup a aller Chez elle dans tel tems Car Ensuite il faudra que j’aille Chez Ma Mere à Feversham Ensuite chez mr un tel & ainsi tu vois Ma Chere que je ne pourrai te recevoir que dans tel tems=par parenthese Lorsque Mde V fut à Londres Curson Lui Ecrivit de même pour aller34 passer trois jours chez elle. elle ne pouvoit pas La recevoir passé Le Lundi attendu quelle partoit Le Lendemain pour aller Chez sa Mere=Mde V. Lui répondit pour La remercier de son offre Mais Comme de son Cote elle avoit des affaires quelle ne pouvoit pas répondre jour pour jour de Ce quelle feroit, que Crainte de n’arriver chez elle que Le Mardi elle ne se donneroit pas La peine de faire Le voyage—&c. pour En revenir à nos Moutons je refusai Curson ayant a peine Le tems de voir mes anciennes amies francaises Et anglaises, Cependant a force de persecution je fus Chez elle elle me faisoit de grands reproches de Ce que je ne L’aimois pas assez, que j’etois La personne quelle aimoit Le Mieux, et que moi j’avois 7 a 8 amies que j’aimois Mieux quelle.=j’en Convenois=Lorsque nous parlions de La révolution, que je Lui raccontois que j’avois sauvé des proscrits a que je ne Connoissois pas avant Elle me disoit d’un grand sang froid=Mais Ma Chere vous Etes donc folle quoi vous Risquiez votre vie pour des gens que vous ne Connoissiez pas?=d’un aussi grand sang froid je Lui répondois=en verité quoi ma chere vous vous Etonnez Eh mais En vérité je ne donnerois pas deux Liards de vos sentiments et35 de votre amitié Enfin un jour que nous parlions Encore de revolution je Lui raccontois que pendant Long tems j’avois Cru qu’il ne me resteroit rien Mais que j’avois pris mon parti très gayment, que je me serois faite femme de Chambre=réellement Me dit-elle tu te ferois femme de Chambre=oui surement Et si pareille chose m’arrivoit dans la suite je prendrois Encore de même parti=Eh bien Ma Chere me dit-elle si jamais tu Es ruinée entierement viens servir Chez moi Car enfin il te sera plus agréable d’être domestique chez une de tes amies que Chez des Etrangers, tu Sens bien que j’aurai de grands Egards pour toi. Me promets tu que si jamais tu te mets femme de chambre Ce sera chez Moi?=je Me Mis a rire de tout Mon Cœur Et je Lui donnai Ma parolle que si jamais j’etois femme de Chambre36 Ce seroit Chez elle—tu sens bien que je ne M’amusai pas a Me Moquer d’elle, elle ne M’auroit pas plus Comprise quelle ne Comprenoit que dans Le tems de La terreur on Exposoit sa vie pour sauver Celle des autres=Cinq Minutes après elle Me répétoit Encore que j’etois une ingratte, que je ne L’aimois pas autant quelle M’aimoit37 & &—une autre qualité quelle possede a un dégré aussi haut que La sensibilité C’est L’avarice. Ma Chere vers Le Mois d’octobre que j’etois Chez elle Et qu’il faisoit très froid il n’y avoit pas de feu. elle mettoit ses Mains sous ses jupons pour se Les rechauffer=je ne sais si tu te souviens que nous Lui Envoyions Autrefois beaucoup de petits presents En Echange elle m’avoit envoyé une bague que tu te rappelleras peut-être ou il y avoit un C. en petits Brillants. Cette bague etant trop Large je La donnai a raccommoder à frieze. je fus fort Etonnée Lorsqu’il me demanda 36 ₶ pour Cela. il m’observa que La bague Etoit En faux or Et qu’il avoit Ete obligé de La remonter En Entier38—dans Le tems je Crus que Curson avoit Eté attrapée a present je suis persuadée que C’etoit une Economie=Son Mari n’avoit Etoit39 accepté par son pere que parscequ’il Etoit Catholique, deux ans après son Mariage il changea de religion Et se Mit sur Les rangs pour Le parlement. on Se Moqua un peu de Lui a Ce que Beckers Me dit—il passe dans L’esprit de beaucoup de monde pour un sot et on a tort, il ne L’est pas. il a même Beaucoup de bon sens Ce qui vaut Encore Mieux. il a Epousé sa femme par Amour Et il L’aime toujours de même. elle n’en a jamais Eté amoureuse mais elle Lui est Extremement attachée. elle a 3 Enfants Et il Lui en est Mort deux ou trois sans Compter Les fausses Couches. il faut rendre justice à ses bonnes qualités. elle Est Excellente Mere, Excellente femme. Chose fort Etonnante Elle aime réellement son Mari Et ses enfants et Les aime beaucoup. Cela t’étonneroit si Comme Moi tu L’avois entendue. on Croiroit volontiers40 qu’elle n’a ni Cœur ni âme=un jour en me parlant de toutes ses Connoissances Et Entrautre d’une Lady ashurst41 femme bien respectable dont Le mari a Eté tuteur du sien et qui demeure à Cent pas de Chez elle, elle Me disoit=si je pouvois rendre service à Lady ashurst Et aux autres je Le ferois, Mais j’apprendrois demain Sa mort Et Celle de toutes Mes Connoissances, je t’assure que cela ne me donneroit point de chagrin C’est a dire, j’en serois bien42 fâchée Si tu veux Mais je dejeunerois, dinerois & Comme a L’ordinaire sans aucune Emotion=Concois tu qu’on voye tous Les jours des personnes dont La mort nous seroit indifferente?=En récompence un jour que nous parlions de Malheur et que je Lui disois quelle ne L’avoit jamais Connu—Mais si vraiment me repondit-elle; par Exemple Cette année je n’ai que trois chevaux il faut quand je vais diner quelque part que je parte de meilleure heure, que je revienne plustot & Croyez vous que Ce n’est pas fort désagréable
En voila pourtant bien assez. voilà 4 heures que j’ecris sans savoir Moi même ce que je te Mande. je Laisse aller ma plume Comme si je Causois avec toi aussi je Crois bien que Ma Lettre n’a ni pied ni patte je ne pense pas que voila 8 ans que tu n’as recu de nouvelles de Ce pays Ci et que tous Ces détails qui amusoient Jeff pensionnaire Ennuyront peut être Mrs Randolph.=tu me diras Ce qu’il En sera=Es tu devenue raisonable? Ma Chere je ne peux pas te voir mere de famille, je te vois toujours folle, ton jupon traînant d’un Coté, des taches de caffé de L’autre, descendant Les Escaliers quatre a quatre. ne penses tu pas quelques fois à Cet heureux tems?=Bruny M’a donné des détails de ton ménage, je sais que malgré La perte de La fortune de ton beau pere que tu Es heureuse, que tu as trois Charmants Enfants, un Mari aimable Et bon, qui t’aime beaucoup et que tu aimes de même. Lui as tu quelques fois parlé de Moi? je ne Le Connois pas Et Cependant parce que C’est ton Mari je L’aime et je voudrois qu’il vint dans Ce pays Ci rétablir sa Santé. Et tes Enfants Combien j’aurois de plaisir a Les Embrasser. Bruny M’a Ecrit que polly Etoit bien jolie. dis Lui mille choses pour Moi. te souviens tu du jour ou elle Etoit si déconcertée parscequelle avoit dit à Mr short que j’etois Laide?=Ma Chere il faut absolument que je finisse. je Déraisonne Entierement. Ecris Moi je t’en prie Et ecris moi Le plustôt possible. dis Moi que tu M’aimes toujours, que tu M’as toujours aimée Enfin que je suis Encore ta Chere petite Bott. ne t’es-tu jamais reprochée ton Silence? tu devois bien savoir qu’il me rendoit Malheureuse!43 Croyois tu Malgré tes torts que je t’aimois toujours? & & Enfin Ma Chere Ecris Moi Comme je Le fais pour toi, parle Moi de ta Société, de tes gouts, de ta Maniere de vivre & &. tu dois me Dedommager du passé. si tu Es paresseuse je La suis autant que toi Et Cependant pour t’Ecrire j’ai mis de Côté Mon aversion pour L’Ecriture. il n’y a que toi seule pour qui a present je ferois une aussi Longue Lettre. L’idée quelle te fera plaisir me donne du Courage ayes en aussi en peu de ton Coté=je ne sais si on me dit vrai en m’assurant qu’il Est deffendu Chez toi de recevoir des Lettres44 de France. assurement une Lettre de pensionnaire Comme Celle ci ne fera point de Révolution ainsi j’espere qu’on La Laisseroit passer. a tout hazard j’en vais faire une Copie que j’enverrai à mde salimbieni affin quelle L’envoye par une bonne occasion. on me promet d’ailleurs que Celle ci arrivera a bon port.45 je La mets sous L’adresse de ton pere Envoye Lui de même tes Lettres pour moi. il trouvera surement plusieurs occasions pour me Les Envoyer. si tu veux m’ecrire46 tous Les trois mois seulement tu seras La plus Charmante femme47 Et je t’aimerai Encore davantage S’il Lest possible=je t’embrasse un Million de fois. je ne veux pas penser que je pourrai par La Suite t’embrasser Réellement, La tête M’en tourneroit
editors’ translation
31 October 1798 Maison de Noailles, Rue Saint Honoré, near Place Vendôme, Paris |
After eight years of silence, I finally receive news of you. Dear Jefferson, you will never know the pleasure I felt on receiving Bruny’s letter, who talked about you, and I do not even know whether I should admit it, because these 8 years of silence still weigh on my heart. What excuse can you give me, especially since it appears to me that you received all the letters I wrote to you during the first year after you left, amounting to more than 80 pages, as I remember? You did not bother to answer me with a single line—Then, by what chance do you remember me now? If I were to insist further on this, I would write only to reproach you. It is better to be generous and to forgive you everything. This, however, is on the condition that you explain your conduct in a somewhat satisfactory way, because, if you do not explain it to me, I will take back everything I am about to write to you. Now that I imagine myself speaking to my little Jeff of Panthémont, I will tell you that you are still my dear and good friend. In spite of all your wrongs, my feelings for you have not changed. I can tell you without exaggeration that not a day has gone by without my thinking of you. I could not explain your conduct, and yet I told myself: “it is impossible that Jeff does not love me anymore; we were too attached to each other for her to forget me completely.” I was speaking about you just the day before I received Bruny’s letter and I made this same observation. And yet you have given me plenty of sorrow. After first 3, and then 6 months without news from you, I did not know what to do. To make me cry someone only had to mention your name. But you simply did not think about me during all that time. Try as I may, this thought always comes back to me. How many people do you love more than me now? Perhaps you would not believe that I am jealous, and yet, I am. Two days ago I was writing to Bruny that I wanted to ask you whether you loved her more than me. Tell me frankly: am I still your good friend? I am quite sure that at Panthémont I was the one you loved most, but that was many years ago, and it is so ridiculous to be constant! If I am so, I claim no merit. It is against my will. I have often told myself—“How stupid you are to love that Jeff!” etc., etc. It did me no good. Now I would not be too vexed if I met you again and found you have remained the same.
Could your husband possibly follow through on his plan to come to this country? My God, my dear! My head would spin if I saw you again. And yet you were not thinking of me when you were entertaining that possibility. You were talking about settling near Bruny’s, and not a word about me. You are lucky to be a thousand leagues away, otherwise you would hear only reproaches. But being so far, and having such difficulty writing to one another, we must manage our time better, because it would take years for us to reconcile. If you were here, I would hold it against you.=Can you believe that this silly Bruny was here for three months without finding out where I was? It is true, as I pointed out to her, that she did not look for me. What is even more maddening, is that one of my brothers-in-law, who is a relative of her husband, was here at the same time. He saw her every day. He also saw me every day, but as ill fate would have it, he never said my name in the presence of Mde Salimbeni. It was only on her return to Nantes that she learned that I was the sister-in-law of my brother-in-law==I bet you are saying: “This letter is already long, and I still know nothing about Bot.” “Are you married?” etc., etc.==No, my dear, I am not married. I am a spinster, and I am not too upset about it, since I have never loved anybody. If I were told to choose a husband from among all the men I have ever seen, I would choose no one, even if he had a hundred thousand livres income—So, you see, I am a bit unusual. Besides, I have pretty much the same character as I had in the convent. Ten years of revolution, of which I had a good share, did not impart much reason to me. I am still a reasonably cheerful child. I would still readily play hide-and-seek, only I would not spend all day on it as in the past. I am very much a philosophe. I am sure that seeing this quality listed next to the other ones makes you laugh but, anyway, I am definitely a true philosophe. I made up my mind about everything that makes other people unhappy, and it was not at all difficult. I was never rich, but I had a nice fortune. I have lost half of it, so that I am now near poverty, and I hardly care. You know how, in the past, we had a good measure of self-esteem and no doubts about it. Riding in a coach was dishonorable, walking with a chambermaid and a servant was allowed only rarely. Now, you would really laugh if you saw me running alone from one end of Paris to the other, as I have done for the past three years. In the winter no shoes are strong enough to resist the mud, but one must go out anyway. Only great lords ride in coaches. My ambition does not carry me that far. Since people who were once richer than I used to be find themselves in the same position, I think it would be ridiculous to complain. Besides, as I have already told you, this does not bother me at all.==I am still a patriot, as I was in ’89. You may thus judge how much I love your father. You know that he was my hero at that time. Now what I feel is a veneration, an enthusiasm that I cannot describe. At least I am not alone in loving him, and you may well guess the reason. He surely does not remember having seen me. Nevertheless, when you see him, tell him that I have not forgotten his kindness, and how patient he was, letting me put his library into disarray, etc.
Since one’s pleasures must be kept without bounds and, moreover, since the past has taught me a lesson, I will not tell you about my adventures of the last 4 years until I hear from you and in great detail, as a former boarding-school girl. You owe me so much past news that, if you do not write me at least 20 pages, I will tell you nothing about my heroic-comic-tragic story. It can be read from any angle one wishes, given that there is a little bit of everything in it and that, besides, it all depends on the light in which you look at the events. For example, if when I was traveling on a lame and blind horse that kept throwing me off into heaps of mud, instead of bursting out laughing about my looks, I had seen my lot from a sentimental point of view, it would have touched any tender soul. However, do not in the least take me to be hard hearted. Just because one does not always talk about sensitivity, it does not mean that one is insensitive. Unfortunately, I am too much that way. I would like not to love you so much, and the same with my other friends. Then I would never have sorrows, because the only ones I have are those of the heart. As to other problems, I look at their amusing sides. I was very fortunate to maintain a good head during the terrible 2 years through which we lived. My brother banished for life, I in prison, etc. I never lost my head, except for three or four moments of despair at different times. I never think about those. There is nothing amusing about them, even now that the danger has passed and we have pulled through safe and sound in body, if not in fortune.
Let us talk a little about our old acquaintances. Your good friend Mde V. left the country before the 10th of August with 25 or thirty members of her family—nephews and nieces, cousins, brothers, etc. They had money for a year or two but have been in serious financial straits for the past 2 or 3 years. They are living in London, depending on British aid which, as you know, is a shilling per person. Grandvalle is married and has a son. “Qui quite” is not, and is not as beautiful as we expected. Mde V.’s brother “Chouchou” has married Varicourt. They must be presently in Martinique. Their fate will always be unhappy, first because they emigrated, and then because Mr V. and all his family had called the English to the island and so, when it was retaken, they could not remain there.
Lançon has married a Mr Janvier Monneron, very rich, who owns large estates in Mauritius. He is said to be kind and honest, but imagine an English caricature of an Indian, and you will have an idea of the looks, the speech and the manners of Mr Monneron. Jenny Bouscaren has also married, to a Mr Leroux Prinssay, good-natured, but with no more wit than necessary. Both have children. Old Bethisy is dead. Mde Virieux is in her provincial home. Of the nuns, Mde Crofton is said to be married with three children, Mde Delbe lived with her at first, at the house of the famous Mlle Camasse. I do not know whether they separated=Mde de Vis has died. Mde de Fay lives with a relative about 10 leagues from Paris. Mde de Meyrol is also 10 or 12 leagues from Paris in an old castle where she is housed for free. Mesdames Matharelle and La Charrière live with their parents. Mother Brugnon found an old and rich aunt who took her in near Bordeaux, where she is very happy. Were you still here when she traveled to Ireland all alone?=Mesdames Trelissat and Sabathier returned to their provincial homes in order to live together. They had to separate for lack of money. I believe that Mde Trelissat will be coming to Paris to oversee the education of Marnezia’s daughter, now in the care of Mlle Putteney, who is to put her in Trelissat’s hands. You know that your old teacher, Mde de Taubenheim, has died. I have heard nothing of her sister, Mde de Saintes, for 6 or 7 years. She had been at her brother’s, who had married a canoness from Remiremont=The lay sisters returned to their parents’ houses or started working as servants. They make do fairly well. Sister Clotilde, who was so grumpy, has died=You surely know that Lady Caroline is married to a Mr Barham. He is in Parliament and is said to be very intelligent and honorable. Lady Elisabeth is a spinster, like me, unless she got married over the past two years.=Two years ago, I took a trip to London to visit a close friend, but stayed for such a short time that I did not see them. Besides, they were not in London. I was rather tempted to write to them, but all the French who went there told me repeatedly that they had been very badly received by their old English acquaintances, that they were always thinking that they were going to be asked for money etc., etc. I did not dare take a chance. It would hurt too much not to be acknowledged by my old friends=In a letter I could not tell them=“I did not emigrate, therefore I do not need your help, and so you may see me again without fear, etc.=After seeing each other for two seconds, we would get along. It is not the same with writing. Therefore I did not write to them, partly out of pride and partly because I feared that I would not find them the same as they used to be==I saw Dashwood again and was delighted. She is an excellent girl, but one must know her peculiarities in order to appreciate her good qualities, otherwise one would risk mistaking for boredom, capriciousness, or something else, what is only the result of her uncommon character. Her good head has become better and lovelier. Being immensely rich and pretty, she was sought after by excellent suitors. Some she liked for 8 days, others longer, but she always ended up turning them away. She wanted, she said, to listen only to her heart and, likewise, wanted to be sought after only for who she was, etc. She wrote me, on a few occasions, tirades explaining her reasoning: she was too young to make a commitment, she wanted to be surer of herself before becoming attached for life, etc. etc. (You know her) Finally, one day at a ball at her brother’s she met a Mr Lee, said to be very handsome but also a very bad article without a penny. And there she was, falling madly in love with this Mr Lee. The romance did not last longer than a month. One fine day, she went with him to Scotland and got married. You can easily imagine that this beautiful passion did not last long. After 6 months of married life, they had a falling out and separated. Unfortunately, she was forced to leave half of her fortune to her husband. She has no children=I found her just as romantic, but just as good a person as in the past. She was kind to me in a thousand ways. She very much wished to settle in France, but she was not at liberty to withdraw her fortune from the bank. She is very much a patriot and thus she loved me even more than in the old days. She was so enthusiastic about patriotism that she had made me out as one of the most beautiful women in the world, my head undoubtedly like that of a Roman woman=Best of all, she ended up persuading herself of this and praised me to all her acquaintances. For example, one day she wrote to her brother inviting him for dinner with the most striking woman he had ever seen. That striking woman was me. Fortunately he did not come, and since he has not seen me he will be free to choose my likeness from among the most beautiful statues in Italy==
You can have an idea of this beautiful Roman by imagining me 10 years older than at Panthémont, and with a sort of jaundice instead of my great paleness, which, as you know, was my only asset=Moreover, Dashwood has become an intellectual. She has a large round table covered with books and notebooks, for she is a writer. She wrote the beginning of an essay on man, then began an essay on the Revolution, etc., etc. Her morals are like her novels, more for show than to act upon. I am sure that if I were to return to London I would find her round table and notebooks more or less in the same position. It is a shame, however, that she is so undisciplined, because she is really full of wit and talent=Her brother married the small Lady Anne Maitland, whom you saw with Gavin. She had no fortune, but he loved her. Love has gone since then, like that of his sister, and moreover, he is bankrupt=During my trip I also saw Hawkins, now Mrs Curzon. My dear, it would take volumes to tell you about my stay at her place. She is really too amusing=First, she came from Oxford to London especially to see me—I jump to embrace her, in typical French fashion=In typical English fashion, she made me a little curtsy, gave me a little smile, and said “Ah, hello, my dear”—You are from that side of the world, so you know these manners=She urged me to visit her at a certain time, because after that “I must to go to my mother’s house in Faversham, then to Mr. So and So’s, etc., and so you see, my dear, I will only be able to receive you at that time”==As an aside, when Mde V. went to London, Curzon wrote her in the same manner inviting her to spend three days at her place. She could not receive her later than Monday, given that the next day she was leaving for her mother’s place=In reply Mde V. thanked her for the offer but, since she herself had business to attend to, she could not tell her what she would be doing on any given day, and that for fear of arriving there only on Tuesday, she would not bother to make the trip, etc. To come back to the subject, I refused Curzon’s invitation, as I scarcely had time enough to visit my old French and English friends, but she insisted so much that I ended up going to her place. She reproached me a great deal, saying that I did not like her enough, that I was the person she liked the most whereas I had 7 or 8 friends whom I liked better than her.=I agreed=When we were talking about the Revolution I told her that I had saved some proscribed people whom I had not known before. She said calmly: “But, my dear, you must be mad. What? You risked your life for people you did not know?” I replied just as calmly: “What, my dear,You are surprised? But in truth, I would not give two liards for your feelings or your friendship.” And then, one day when we were again talking about the Revolution, I told her that I had long believed that I would end up ruined, but that I had made my choice gladly, and would have become a chambermaid if necessary=“Really” she said to me, “you would be a chambermaid?” “yes surely and if such a thing happened to me later I would make the same choice,” “if you ever become totally destitute, come serve at my house, because, after all, it will be more pleasant for you to be a servant for one of your friends than for strangers. You should know that I would be very considerate toward you. Will you promise me that, if you ever become a chambermaid, it will be at my house?”=I started laughing with all my heart and gave her my word that, if ever I were a chambermaid, it would be at her house=As you can well imagine, I did not waste much time making fun of her. She would have understood that no better than she understood that during the Terror people risked their own lives in order to save those of others. Five minutes later she was repeating that I was ungrateful, that I did not love her as much as she loved me, etc., etc.=Another quality that she possesses to as high a degree as her sensitivity is miserliness. My dear, when I was visiting her around the month of October it was very cold and there was no fire. She would put her hands under her skirts to keep them warm=I do not know whether you remember that, in the past, we used to send her many small presents and that in return she sent me a ring with a “C” made of small brilliant stones. It was too large, and I gave it to Frieze to have it adjusted. I was quite taken aback when he asked 36₶ for his work. He pointed out that the ring was made of false gold and that he had to remake it completely—At the time I thought that Curzon had been duped. Now I am convinced that she was economizing=Her father accepted her husband only because he was a Catholic. Two years after their marriage, he changed religion and put himself up for Parliament. From what Bekiers told me, people made a little fun of him—He stands as a fool in the eyes of many people, but they are wrong, he is not. Even better, he has much common sense. He married his wife out of love, and he still loves her the same way. She was never in love with him, but she is extremely attached to him. She has 3 children, and two or three others died, not counting the miscarriages. One must render justice to her good qualities: she is an excellent mother and an excellent spouse. Most astonishingly, she really likes her husband and her children very much. This would have surprised you if you had heard her, as I did. One would readily think that she has neither heart nor soul=One day, as we were talking about her acquaintances and, among them, about a Lady Ashurst, a very respectable woman whose husband was her husband’s guardian and who lives a hundred steps away, she said to me: “If I could be of help to Lady Ashurst and others, I would do it, but if tomorrow I learned of her death and that of all my acquaintances, I can assure you that it would not give me great sorrow. That is to say, I would be very upset, if you like, but I would have lunch, dinner, etc., as usual, without showing any emotion.” Can you believe that someone could see people every day whose deaths would not matter to them? On the other hand, one day when we were talking about misfortune and I was telling her that she had never experienced it, she replied: “But I did, truly! For example, this year I have only three horses. When I go somewhere for dinner, I must leave home earlier, return earlier, etc. Do you not think that this is quite unpleasant?”
But enough of that. I have been writing you for 4 hours without knowing what I am telling you. I let my pen run along, as if I were chatting with you, so I truly believe that my letter makes no sense. I am forgetting that it has now been 8 years since you received news from this country and that all these details, which would amuse Jeff the boarding-school girl, will perhaps bore Mrs. Randolph.=You will tell me=Have you become a sensible person? My dear, I cannot see you as a mother. I always see you crazy, your skirt dragging on one side, coffee spots on the other, coming down the stairs four steps at a time. Do you not think about those happy days sometimes?=Bruny gave me some details about your household. I know that, despite the loss of your father-in-law’s fortune, you are happy, that you have three charming children, a kind and good husband who loves you very much and whom you love the same. Did you ever talk with him about me? I do not know him and yet, because he is your husband, I love him and I would like for him to come to this country in order to restore his health. And your children, how much pleasure I would have embracing them! Bruny wrote me that Polly is very pretty. Give her a thousand regards from me. Do you remember the day that she was so embarrassed because she had told Mr. Short that I was ugly?=My dear, I must absolutely finish. I am talking total nonsense. Please, I beg you, write to me, and do so as soon as possible. Tell me that you still love me, that you have always loved me and, finally, that I am still your dear little Bott. Did you never reproach yourself for your silence? You must have known very well that it made me unhappy. Did you believe that, despite your wrongs, I still loved you? etc., etc. Lastly, my dear, write to me as I do to you, talk to me about the society around you, about your tastes, your way of living, etc., etc. You must make amends me for the past. I am just as lazy as you and yet I set aside my aversion for writing so as to write you. You are now the only one to whom I would write such a long letter. The thought that it will please you gives me courage. Have some too=I do not know whether I am told the truth when people assure me that in your country it is forbidden to receive letters from France. Surely a letter like this from a boarding-school girl will not start a revolution, so I hope that it will be let through. Just in case, I am going to make a copy that I will send to Mde Salimbeni, which she can send to you at a good opportunity. Anyway, I am promised that this one will arrive safely. I send it to your father’s address. Do the same and send him your letters for me. He will surely find many occasions to send them to me. If you wish, write me only every three months, and you will be the most charming woman and I will love you even more, if that is possible=I kiss you a million times. I do not dare think that I will be able to kiss you for real later on; I would go crazy
On 10 Aug. (10 aout) 1792 the newly democratized National Guard of Paris marched on the Tuileries Palace. Though the king and his family had already fled, a garrison of six hundred Swiss Guards and roughly two hundred courtiers and former officers remained. Mobs killed hundreds of the vastly outnumbered Swiss Guards as they retreated, making this one of the bloodiest days of the French Revolution to this point. The storming of the Tuileries Palace marked the fall of the monarchy (William Doyle, The Oxford History of the French Revolution [1989], 189–90). The English (les anglais) recaptured Martinique from the French in 1794. Mauritius, in the Indian Ocean, was known as the Île de France (l’isle de france) when France held it, 1715–1810. liards: coins of very little value (Oxford English Dictionary).
je ne t’ai point Encore parlé de Moi Et tu Es surement Curieuse de savoir si je suis mariée & &” (“I still have not talked about myself, and you must be curious to know whether I am married, etc., etc.”)