Etienne St. Julien de Tournillon to Nicholas P. Trist

Mon cher Trist

Browse m’a éffectivement parlé dans le tems, [. . .] De la place que vous avez obtenue dans les Bureaux de Washington, et Votre lettre du 8. ul. me confirme cette nouvelle. S’il faut en juger D’âprès votre Style; votre admission dans les offices de L’adon actuelle, paraîtrait vous avoir un peu reconcilié avec Les partisans du Second des A U … et la conduite Du Secretaire d’état à L’influence duquel Vous devez Sans-doute cette faveur est à mes yeux d’igne d’éloges; car en lisant plusieurs Nos de la feuille Dont vous étiez L’un des éditeurs, j’ai crû m’apercevoir que Vous ne Vous étiez point rangé Sous Les Bannières de ce monsieur. cependant mon opinion est qu’en attendant L’installation très prochaine Du président, L’élu du peuple cette fois-ci, Vous eussiez été toujours à tems d’obtenir cette place, et peut-être, quelque chose de mieux. ceci, mon cher trist Soit dit entre nous et Sans vous fâcher.

Les Elections ici ne m’ont causé que des peines et des desagréments: j’ai Soutenu autant qu’il m’a été possible la cause que j’avais embrassée, je me Suis brouillé avec tous mes voisins pour avoir été L’un des plus chauds partisans de La réelection de mr E. L… En opposition avec un nommé E. W. que vous avez connu et dont les prétentions, comme diplomate, Sont Sans bornes; mais ici, à La Louisiane les réputations s’acquièrent facilement et lorsque deux ou trois avocats de campagne Vous auront parlé d’un individu, comme d’un homme distingué par Ses talents et Ses Lumières; alors, la renommée le [. . .] proclame aussitôt comme homme de génie ce rapport Vole de Bouche en bouche et tous les yeux Se fixent Sur lui. pour moi qui ai toujours connu L’individu comme un très mince Sujet je n’ai pu Supporter L’idée de le voir Sièger au congrès en remplacement de Son antagoniste qui a toujours occupé ce poste avec distinction et je n’ai attribué Sa réussite qu’à L’esprit de parti qui divisait alors les électeurs du premier district et dont, je ne Sais trop pourquoi, la majeure partie était En faveur de L’administration. cependant je vous le dis avec franchise autant L’élection De E. W… m’a été insupportable autant j’ai Vu avec Satisfaction la chute de notre ex-gouv. J… où diantre le pauvre hère avait-il rêvé qu’il pouvait être un jour Sénateur puis gouv. de la Louisiane et encore Sénateur au congrès c’est cependant à quoi il visait encore. mais heureusement que notre assemblée générale a distingué à tems les oreilles D’A… et que, le voilà rentré, pour me servir de L’expression d’un de nos éditeurs, dans L’obscurité d’où il n’aurait jamais dû sortir. mais le gaillard ne s’est pas contenté des places, Son ambition a été plus loin. il a Su mettre à profit le Leure de Ses emplois et il est présentement à La tête de deux Sucreries. où diable la fortune va-t-elle Se nicher?… aussi depuis quelque tems, ne jete-t-il plus dans le Vide L’humidité de Son Cerveau: En voilà assez Sur les élections: cependant j’oubliais de vous dire qu’elles ont failli me coûter le vie… j’ai vu les poignards levés Sur moi… je ne Suis pas heureux pour La prémière fois que je m’en mêle; ce n’est pas le cas de le dire, puisque la grande lutte que je Soutenais a été décidée à une majorité des deux tiers de la population. d’après cela vous devez vous attendre à quelque changement et quoique Vos réunions à Washington Se ressentent, dites-Vous, du républicanisme elles doivent respirer Sous peu L’air plus pur encore de la Démocratie.

Venons à vous, mon cher trist, ce Sujet est plus intéressant: je Sens vivement combien [. . .] l’éloignement de votre famille doit Vous être pénible: Vivre Séparé de Son épouse et de Ses enfants est une peine de cœur insupportable: aimant, et Sensible comme Vous l’êtes, je me demande comment avez-vous pu prendre cette détermination?… Vos embarras pécuniaires, dites-Vous, mais il me semble au contraire que la réunion de Votre famille Vous occasionnerait moins de dépense: mais je comprends où le Bât vous blesse, et malgré l’éloge que vous faites de vos réunions républicaines, L’amour propre entre pour beaucoup dans votre calcul: Votre famille à Washington Vous mettrait dans la nécessité de tenir maison et, avec le caractère que je vous connais, vous ne pourriez guère accepter Les invitations Sans les rendre, Et je vous approuve, non pas de Vivre Séparé de votre aimable famille, mais de Savoir vous mettre à La portée des circonstances où vous vous trouvez.

au moment où je vous écris, Sam arrive de Votre habitation. Vous avez fait une très bonne récolte 172. Bds me dit-il, je Suis charmé d’être le premier à Vous annoncer cette nouvelle: une réussite aussi complète la prémière année Vous donne L’espoir d’arriver à vos 200 Bds la récolte prochaine. la poule commence à pondre des œufs d’or.

depuis dix jours je Suis de retour D’un voyage en ville où j’avais été pour acheter quelques nègres: je les ai obtenus avec L’endossement de Browse à un et deux ans de terme j’ai payé huit bons hommes trois femmes et Cinq Enfans, car j’ai préféré prendre des familles 6400. en ajoutant les intèrêts à 10./100 c’est un très joli lot et je crois avoir rencontré de Bons Sujets ils Sont jeunes et paraîssent portés de bonne volonté; ce petit Suplément va mettre dans le cas de planter plus et d’exploiter, sans Le Secours de Bras étrangers, ma récolte. j’ai fait 205. Bds et cependant le produit de cette récolte ne me suffit pas encore.

Votre Sœur Sera bien satisfaite de recevoir une lettre de Son cher frère; quoiqu’elle Soit chez des nones je la crois parfaitement bien. je dois vous dire, mon cher trist, que mon intention a toujours été et est encore de Vous L’envoyer aussi tôt que Sa prémière éducation terminée: Si je venais à lui manquer Vous ajouteriez au titre de frère celui de père que je Vous Lègue.

mon intention est encore de Laisser julien où il est: je m’aperçois cependant qu’il fait peu ou point de progrès, mais S’il n’a pas L’amour de L’étude le changement ne le lui donnera pas. j’ai Visité L’établissement de Bardstown je l’ai trouvé très bien tenu et Sur un pied de discipline convenable à un enfant de son âge: il est à la vérité Sous la direction monacale [. . .] peu d’importance à ce Sujet; car, moi qui ai été élevé dans un collège à peu près de [. . .] n’ai été ni ne Serai pour cela jamais dévôt.

j’ai Vu en ville mr L… avec Son cher D… les années paraîssent peu influer Sur le physique de ce premier et je crois qu’il en est de même quant à Son énergie: il a été fêté et accueilli à La N. o. comme un patriote de 76. le discours qu’il a prononcé au diner qu’on lui a donné tient de L’esprit qui animait les démocrates de cette épôque.

je Sympathise avec Vous Dans la perte que vous avez faite de Votre grand-mère, madame trist: cette affliction Doit vous être moins pénible Si Vous envisagez qu’elle était parvenue à cette épôque de la vie où L’existence devient un fardeau et où le Sommeil éternel lui est préférable.

je ne desespoir désespère pas, ainsi que Vous m’y engagez, de Visiter Washington: j’y suis porté par le triple motif de Vous y voir, de faire connaissance avec tout ce qui vous est cher, Votre épouse et vos enfants, et D’admirer les beautés d’une ville naissante destinée à jouer un grand rôle comme capitale d’un pays très étendu peuple d’hommes libres indépendants et industrieux.

j’attends Browse, Sous peu de jours, nos chambres Doivent ajourner le 7. Du Ct

adieu, mon cher Trist, embrassez pour le g. papa martha et le petit nouveau-né, présentez mes respects à votre épouse et croyez-moi pour la vie Votre père et meilleur ami.
Tournillon

editors’ translation

My dear Trist,

Browse did in fact talk to me some time ago about the position you had obtained in the offices of Washington, and your letter of the 8th of last month confirms this news. If one must judge by your style, your entering the offices of the present administration would appear to have reconciled you somewhat with the supporters of the second of the [United States?] and the conduct of the Secretary of State, to whose influence you no doubt owe this favor, is in my eyes worthy of praise, because in reading several issues of the paper of which you were one of the editors, I believe I perceived that you had not aligned yourself with the positions of that gentleman. However, my opinion is that, while waiting for the imminent induction of the President, this time the one elected by the people, you would still have had time to obtain this position, and perhaps something better. This, my dear Trist, is being said between the two of us and is not to make you upset.

Elections here cost me nothing but sorrows and troubles. I supported as much as was possible the cause I had embraced, I quarrelled with all my neighbors for having been one of the hottest supporters of the re-election of Mr. E. L., opposed to someone named E. W…, whom you knew and whose pretensions as diplomat are boundless. But here, in Louisiana, reputations are easily acquired, and when two or three country lawyers have mentioned to you an individual as a man distinguished for his talents and enlightenment, then fame proclaims him right away a man of genius, this account flies from mouth to mouth and all eyes are on him. As for me, who always knew the individual as a very shallow subject, I could not bear the thought of seeing him seated in Congress replacing his antagonist, who always held the position with distinction, and I attributed his success to partisanship, which at the time divided the voters of the first district, a majority of whom, I do not really know why, were in favor of the administration. However, I say this to you frankly, much as I found the election of E. W. unbearable, I saw with satisfaction the fall of our former governor J.… By Jove, where had the poor wretch dreamed that he could be senator one day, then governor of Louisiana and again senator in Congress? It is what he nevertheless had in sight, but fortunately our General Assembly made out A.’s ears just in time … and once he came back he returned to the obscurity out of which he should never have come, to borrow the expression of one of our editors. But the fellow was not content with positions only. His ambition went further. He knew how to profit from the lure of his stations, and he is presently at the head of two sugar mills. Where the devil does fortune lodge itself? … Thus for some time he has not been throwing the dampness of his brain in the void. That is enough about the elections. However, I was forgetting to tell you that they almost cost me my life… I saw the daggers raised against me… I cannot say that I am not lucky in my first time meddling, since the great struggle that I was supporting was decided by a majority of two-thirds of the population. According to this, you should expect some change, and although your meetings in Washington still feel, you say, the effects of republicanism, they must shortly breathe the purer air of democracy.

Now about you, my dear Trist; the topic is more interesting. I am strongly aware of how painful the separation from your family must be to you. To live separated from one’s wife and children is an unbearable heartbreak. Loving and tender as you are, I ask myself how you could make this decision. Financial difficulties, you say. But, on the contrary, it seems to me that the reunion of your family would cause less expense. But I see where the shoe pinches, and in spite of your praise of your republican gatherings, self-esteem counts much in your calculations. Your family being in Washington would put you in the necessity of keeping house, and with the character I know you to have, you could hardly accept invitations without returning them, and I approve of you, not for living separated from your loving family, but for knowing how to adapt to the circumstances in which you find yourself.

Sam arrives from your property as I write. You have had a very good harvest: 172 barrels, he says. I am delighted to be the first to give you the news. Such a complete success on the first year gives you hopes of arriving at 200 barrels next harvest. The hen is beginning to lay golden eggs.

I have been home for the past ten days, back from a trip to town where I went to buy a few Negroes. I got them with the endorsement of Browse on one- and two-year terms. I paid $ 6,400 for eight good men, three women and five children, because I preferred to take families. With the addition of interest at 10%, it is a very nice lot, and I believe I found good individuals. They are young and appear laden with good will. This small supplement will put me in the position of planting more and managing my harvest without the help of strangers. I made 205 barrels, and yet the results of this harvest are still not sufficient for me.

Your sister will be quite pleased to receive a letter from her dear brother. Although she is among nuns, I believe her to be perfectly content. I must tell you, my dear Trist, my intention was always and still is to send her to you as soon as her first education is finished. Should she lose me, you would add to your title of brother that of father, which I bequeath to you.

My intention is still to leave Julien where he is. I notice, however, that he is making little or no progress, but if he does not have any love of study, change will not give it to him. I visited the institution in Bardstown. I found it to be very well run and adequate in terms of discipline for a child his age. In truth he is under monastic authority [. . .], which is of little importance in this case, for I, who was educated in a school more or less [the same, and I] have never been, nor will ever be a devout person.

In town I saw Mr. L… with his dear D… The years seem to have little influence on the former’s physique, and I believe that it the same in regard to his energy. He was feted and greeted in New Orleans like a patriot of 76. The speech he gave at the dinner given in his honor is in keeping with the spirit that moved democrats at that time.

I sympathize with you for your loss of your grandmother, Mrs. Trist. This affliction may be less painful for you if you consider that she had reached the time in one’s life when existence becomes a burden and eternal sleep is preferable.

I do not despair of visiting Washington, as you encourage me to do. I lean that way for the triple reason of seeing you there, of getting to know everything that is dear to you, your wife and your children, and of admiring the beauty of a nascent city destined to play a big part as capital of a very large country, peopled with free, independent and industrious men.

I am waiting for Browse within a few days. Our chambers must adjourn on the 7th of this month.

Farewell, my dear Trist. Kiss Martha and the little newborn for the grandpa, present my respect to your wife and believe me to be your father and best friend for life.
Tournillon
RC (NcU: NPT); torn at seal; addressed: “Monsieur Monsieur N. P. Trist Washington”; stamped; postmarked Donaldsonville, 7 Feb.; endorsed by Trist: “Tournillon, St J. Feb. 4. ’29.” Translation by Dr. Roland H. Simon.
Date Range
Date
February 4, 1829
Collection
Repository