Etienne St. Julien de Tournillon to Nicholas P. Trist

mon très cher trist

Votre lettre du 11. ul., m’a confirmé dans L’opinion que j’avais que Vous ne m’aviez pas oublié: j’aime à croire que Vous me Supposez toujours la même affection pour vous et pour tout ce qui Vous est cher; et que, Si notre correspondance n’a pas cette activité qui caractèrise celle De Deux amoureux, cela tient beaucoup à La [. . .] Situation d’esprit où nous Sommes L’un et L’autre placés: la Vôtre tout entiere aux charmants objets qui Sont près de Vous et qui Se circonscrivent dans le cercle étroit De Votre jeune famille; le mien toujours tendu à ma plantation qui ne fait, je Vous le dis avec plaisir, que croître et embellir et qui Semble me promettre cette année un produit de 200 à 225 Boucauds sucre; ce qui, dans cette hypothèse me Laisserait la faculté de Solder tous les Billets qui portent Votre endossement et même de me mettre presqu’au niveau: avec quel plaisir je vous apprendrais cet heureux resultat!…

je n’ai pas encore Vu Votre ami terrell. j’ignore même S’il est arrivé à La N.o., Browse Va Descendre dans le Courant de ce mois il le verra Sans doute et L’engagera beaucoup de ma part à venir passer la mauvaise Saison ici; le Séjour lui conviendra peu mais avec la Société de votre frère il pourra le Supporter. je Suis charmé que ce monsieur Vous ai fait un rapport avantageux de L’établissement où Se trouve notre cher julien; d’après le caractère de V. ami, il doit certainement être un bon juge En cette partie. je ne Saurais trop vous recommander, mon cher trist, d’écrire à julien, je crois qu’il aime peu L’étude, quelque lettre de Vous ne contribuerait pas peu à Lui inspirer de desir de L’application qu’il faut qu’il apporte à Ses classes. je reçois assez Souvent Des nouvelles de notre Chère mary, elle est En très bonne Santé gaie et parfaitement heureuse elle fait Beaucoup de progrès, m’ecrit-on, Surtout dans La musique et la danse, ses maîtresses et Ses compagnes L’aiment beaucoup: elle Serait, j’En Suis certain, enchantée de recevoir une lettre de Son cher frère trist, écrivez-lui donc aussi Si Vous pouvez Saisir quelques instans à La volée—vous pourrez inclure Votre Lettre dans une de celles que vous adressez Souvent à Browse.

je ne partage pas votre croyance Sur une abolition très prochaine de L’esclavage: En dépit de ce qu’en disent tous les [. . .] philanthropes du jour je crois le Sort de mes nègres preférable à celui d’un million d’irlandais et autres qui Souvent ne peuvent Satisfaire aux premières besoins et qui vivent Languissant et mourant dans une misère continuelle. Le Sort d’un nègre bien nourri bien vétu, bien Soigné dans Ses maladies est cent fois preférable, je le dis encore, à celui de ces malheureux qui, chargés de familles peuvent à peine les faire Subsister et n’atteignent le bout D’une année qu’âprès une Série de privations continuelles. que L’émancipation ait lieu par dégrès Sans froisser les intèrêts de La génération présente et même de celle à venir, et alors nos petits neveux Seront assez heureux pour ne pas avoir Sous les yeux un mal qui présentement est pour nous inévitable et qui Vû Son utilité peut bien être converti dans le tout est bien de L’optimisme.

je vous remercie, mon cher trist, de tout L’intèrêt que vous prenez à moi: je jouis de La Santé la plus parfaite et je crois, depuis ma dernière récolte avoir rajeuni de dix ans: L’espoir de faire honneur à mes affaires et de Laisser à mes chers enfants une honnête indépendance—contribue beaucoup à ce changement. j’ai engraissé un peu mais je n’en Suis pas moins ingambe—car je fais toujours avec la même facilité mes promenades dans le champ, qui vous le Savez, n’est pas petit: je n’éprouve depuis long-tems aucun malaise dans mon Bras.—

le tableau que vous me faites de votre intéressante Marthe me donne le desir de La connaître: mary, Sans-doute, lui eut ressemblé Si! …

je ne désespère pas de vous voir ici avec votre aimable famille. quel plaisir pour la pauvre grand-maman de pouvoir [. . .] presser contre Son cœur et Son cher trist et Son épouse et Sa petite fille! … embrassez cette dernière pour moi offrez à votre Dame L’assurance de mon respect et croyez à L’amitié Sincère de Votre père

Tournillon

editors’ translation

My very dear Trist,

Your letter of the 11th of last month confirmed my opinion that you had not forgotten me. I would like to believe that you still assume that I have the same affection for you and for everything dear to you, and that, if our correspondence does not have the assiduity that characterizes the writing between two loved ones, it is very much due to the state of mind in which we both find ourselves: yours altogether turned towards the charming objects that are near you and are limited to the close world of your young family; mine always focused on my plantation which, I say this to you with pleasure, does not stop growing and getting more beautiful, and which seems to promise me this year a yield of 200 to 205 barrels of sugar. According to this hypothesis, this would give me the ability to pay off all promissory notes that carry your endorsement and even put me almost on an even keel. What a pleasure it would be to apprise you of this happy result!…

I still have not seen your friend Terrell. I do not even know whether he has arrived in New Orleans. Browse will go to town in the course of this month and will no doubt see him, and will encourage him on my behalf to come and spend the bad season here. The stay will not suit him much, but with the company of your brother he will be able to bear it. I am delighted that this gentleman gave you a flattering report on the institution where our dear Julien is. Based on the character of your friend, he must certainly be a good judge in this matter. I could not recommend enough, my dear Trist, that you write to Julien. I believe that he does not care much for study. A few letters from you will contribute quite a bit to inspire in him the diligence that he must bring to his classes. I receive rather often news of our dear Mary. She is in very good health, cheerful and perfectly happy. She is making much progress, they write me, especially in music and dance. Her teachers and her classmates like her very much. I am certain that she would be delighted to receive a letter from her dear brother Trist. Therefore, write to her also if you can snatch a few moments. You can even include your letter in one of those you often send to Browse.

I do not share your belief in an imminent abolition of slavery. In spite of what all the philanthropists of the day say about it, I believe that the lot of my Negroes is preferable to that of a million Irish and others who often cannot satisfy their basic needs and who languish and die in constant misery. The lot of a Negro, well fed, well clothed, and well cared for in sickness is a hundred times preferable, I say it again, to that of those wretches who, burdened with families, can barely provide for their subsistence and make it to the end of a year only after a string of continued deprivations. Let emancipation happen by degrees, without hurting the interests of the present generation and even of the one to come, and then our grand-nephews will be happy enough not to have in front of their eyes an evil that is for us presently inevitable and which, considering its usefulness, may well be converted into the optimistic “all is well.”

I thank you, my dear Trist, for all your concern about me. I am enjoying the most perfect health and I believe that, since my last harvest, I am rejuvenated by ten years. The hope to do honor to my business and leave to my dear children an honest independence contributes much to this change. I have gained a little weight but I am not any less nimble, because I still walk with the same ease in the fields which, as you know, are not small. I have not had any discomfort in my arm for a long time.

The picture you paint of your interesting Marthe gives me the desire to get to know her. Mary would undoubtedly have looked so much like her!...

I do not despair of seeing you here with your nice family. What a pleasure it would be for the poor grandmother to be able to hold against her heart her dear Trist and his wife and her granddaughter! Kiss the latter for me, offer your wife the assurance of my respect and believe in the sincere friendship of your father.

Tournillon
RC (NcU: NPT); addressed: “Nicholas P Trist Charlottesville Albemarle C—Virginia”; stamped; postmarked Donaldson, 14 Apr.; endorsed by Trist: “Tournillon (St Julien) recd May 11. 27.” Translation by Dr. Roland H. Simon.
Date Range
Date
April 10, 1827
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