Etienne St. Julien de Tournillon to Nicholas P. Trist
mon cher trist | 21. août —21. |
Lors de L’arrivée de Votre lettre Du 18. ul. Votre maman était dans un état de faiblesse et de convalescence: elle est tombée malade le 10. du Ct au premier accès de fièvre j’ai, de Suite, envoyé chercher le medecin; il a administré qques remèdes qui, âprès trois accès ont commencé à opérer, et qui nous permettent de n’en plus craindre le retour: j’aime à penser qu’elle ira de mieux en mieux, quoique dans ce pays les convalescences Soient Longues et les rechûtes très fréquentes; cependant avec beaucoup de ménagement on peut obvier à ce dernier inconvénient.
nous avons appris avec une bien vive Satisfaction Votre projet de retour ici pour L’hiver prochain: malgré la Vive impatience que nous avons à vous voir, nous vous engageons néanmoins à ne point trop précipiter votre départ. les maladies ne Se Sont pas manifestées encore à la N. o., à la vérité, mais nous touchons à la Saison Critique, et je ne crois pas qu’il Soit prudent d’arriver en ville avant la mi-novembre. je ne pourrai Vous envoyer les $150. que Vous me demandez avant la fin De Septembre, Vous recevrez donc cette Somme vers le 20. octobre et alors il Sera assez tems de Songer à partir. Votre maman désire beaucoup que Vous profitiez de L’occasion du Cap. tobie, Si cela est possible faites ensorte de déterminer Votre frère à faire le voyage avec vous je lui enverrai également une Somme à la même épôque, j’espère qu’il a reçu présentement les $200. que j’ai fait compter En ville le 10. juillet dernier.
Nous ne pouvons que Vous féliciter, mon cher trist, des succéès que Vous venez d’obtenir dans ce qui touchait de plus près à vos affections: il paraît qu’En général habile Vous avez fait capituler la place et qu’elle S’est rendue à Vos Sollicitations: à Votre âge ont est presque toujours heureux dans ces Sortes de capitulations et ce n’est point le cas de Vous attribuer les paroles De Louis XIV. au marechal de Villeroi âprès la bataille de ramilli. cet acte lorsqu’il Sera consommé doit décider Du bonheur de Votre vie et je ne doute point qu’il Soit parfait d’âprès L’heureux choix que Vous avez Su faire.
Si dans ce moment j’épprouve quelques regrets ils ne doivent leur origine qu’à L’impossibilité où je me trouve de Vous assurer une Situation indépendante: Depuis que j’ai acheté la terre Site Sur la rivière de la fourche j’ai eu à payer annuelement 4500. Savoir 3000. pour le prix de cette terre et 1500. pour Vous et Votre frère, ajoutez à cela les frais de L’habitation que je mets année commune à $1000. Voilà une Somme De 5500. à prélever Sur mes revenus; Vous Voyez d’après ce calcul qu’il ne m’a pas été possible d’augmenter mon petit avoir, car indépendament de ces 5500. il a fallu Soutenir ma maison, chose que j’ai faitte, à la vérité, le plus économiquement possible, et En cela je dois rendre justice à votre maman qui S’est imposée des privations auxquelles j’étais loin de La croire capable de Se conformer.
Vous m’avez mal jugé, mon cher trist, lorsque dans votre lettre Vous Vous proposez pour mon économe: avez-Vous donc pû croire que je Voulusse Vous exposer à tous les dangers d’un pareil Emploi? pensez-Vous que le cièl de La Louisiane Soit le cièl de la virginie; et En admettant même que L’influence du Soleil fût la même dans les deux climats, m’avez-Vous crû assez égoïste pour Eg Exiger du fils de ma femme un labeur que j’aurais Seul droit d’attendre d’un Etranger à gages?… non mon cher trist, jamais une Semblable idée n’a pû coïncider ni avec mon carractère ni avec les égards que je dois et à ma femme et à [. . .] Ses Enfans, égards Surtout que Vous méritez, à Si juste titre, d’âprès votre conduite édifiante.
il paraît d’âprès le contenu de Votre lettre, et madame trist n’y apportant d’ailleurs aucun obstacle, que votre intention Serait de Vendre la propriété de Votre père Située Sur le bayou Bellefontaine: dans ce cas, je crois que le meilleur parti que Vous pourriez En tirer Serait d’échanger cette terre pour des nègres: La Situation conviendrait parfaitement à un bon fermier américain, Et Vous etes dans un pays qui abonde En esclaves qui ne rendent rien ou très peu de chose à leurs maîtres; je pense que cette échange Vous Serait très facile et [. . .] Même très avantageuse: car En admettant que Vous ne Voulussiez point les garder: j’En tirerais très bon parti [dans] mon Voisinage En les vendant à de Bons habitants pou [r leur] récolte. le commerce des nègres, offrira toujours des grands profits, importés des autres Etats ici, car les Cultures augmentent à la Louisiane tandis que le nombre des Esclaves diminue: aussi Vous conseillerais-je d’En amener quelques uns avec Vous, Si Vous pouviez Vous En procurer lors de Votre prochain voyage?… au Surplus nous causerons de tout cela lorsque nous Serons Ensemble.
Si les dernières nouvelles qu’on débite Sont fondées: les anglais ont cessé d’être les geoliers de L’Europe et Sir hudson-Low (nom auquel Se ratachera long-tems d’horribles Souvenirs) leur porte cléfs. Napoleon n’est plus!!! le terme de Sa vie politique arrivé il y a Six ans a été aussi le terme de cette lutte qui depuis plus de huit [. . .] centuries Subsistait Entre deux nations rivales et qui S’est terminée au détriment de la trop malheureuse france! quis talia fando &—mais le grand homme vivra à jamais dans la postérité: c’est une jouissance que n’a pû ni ne pourra lui ravir L’angleterre; et la conduite attroce de cette nation, ajoutera, s’il est possible, de plus grands souvenirs à Sa gloire. …
editors’ translation
My dear Trist, | 21. August —21. |
At the time of arrival of your letter dated the 18th of last month, your mother was in a state of weakness and convalescence. She fell sick on the 10th of this month. At the first bout of fever, I immediately asked for the doctor to be fetched. He administered a few remedies that, after three bouts, began to work, and that allows us not to fear a recurrence. I would like to think that she will feel better and better, although in these parts convalescences are long and setbacks very frequent. However, with many precautions, one can obviate this latter inconvenience.
We learned with a very keen satisfaction about your plan to return here for next winter. Despite our burning impatience to see you, we urge you nevertheless not to hurry your departure. It is true, disease has not yet showed up in New Orleans, but we are nearing the critical season, and I do not believe that it would be prudent to arrive in town before mid-November. I will not be able to send you the $150 you ask for before the end of September. You will therefore receive this sum around the 20th of October, and then there will be time enough to think about leaving. Your mother wishes very much that you take advantage of the Captain Tobie, if it is possible. Be sure to convince your brother to make the trip with you. I will send him also a sum of money at the same time. I hope that he has now received the $200 that I deposited in town on the 10th of last July.
We can only congratulate you, my dear Trist, for the success you have just had in the matter closest to your heart. It appears that, as a skillful general, you forced the stronghold to capitulate, and that it surrendered to your solicitations. At your age one is almost always happy with this sort of capitulation, and in this case one cannot attribute to you the words addressed by Louis XIV to the Marshal de Villeroy after the battle of Ramillies. This act, when it is accomplished, must determine the happiness in your life, and I do not doubt at all that it will be perfect, judging by the fortunate choice that you were wise enough to make.
If at this point I feel some regrets, they owe their origin only to the impossibility in which I find myself to secure you with an independent situation. Since I bought the land located on La Fourche River, I have had to pay $4,500 annually, that is $3,000 for the price of the land and $1,500 for you and your brother. Add to that the expenses for the buildings, which I put at $1,000 each common. Here is a sum of $5,500 that I must take out of my revenues. You see from this calculation that it has not been possible for me to increase my little assets, because, independently of these $5,500, I have had to provide for the household, which, in truth, I did in the most inexpensive manner possible. And in that regard, I must be fair to your mother, who deprived herself to an extent to which I was far from believing her capable.
You judged me badly, my dear Trist, when, in your letter, you proposed yourself as my bookkeeper. Could you possibly believe that I would want to expose you to the dangers of such a job? Do you think that the sky of Louisiana is the sky of Virginia? And even admitting that the sun has the same effect in both climates, did you believe me egotistical enough to demand from the son of my wife a labor that I could only expect from a salaried stranger?… No, my dear Trist, such a idea could never coincide either with my character or the respect that I owe my wife and her children, respect that you in particular so rightfully deserve for your edifying conduct.
It appears from the content of your letter, and Mrs. Trist opposing no obstacle to it, that you would intend to sell the property of your father located on the Bayou Bellefontaine. In this case I believe that the best you could make of it would be to exchange this land for Negroes. The situation would suit a good American farmer perfectly, and you are in a part of the country that abounds in slaves who return nothing or very little to their owners. I think that this exchange would be very easy for you and even very advantageous, because admitting that you would not want to keep them, I would profit from them in my neighborhood if I sell them to some good locals to help with their harvest. The trade in Negroes imported here from other States will always offer great profits, because agriculture is on the rise in Louisiana, whereas the number of slaves is diminishing. Moreover, I would advise you to bring some with you, if you could find some at the time of your next trip. We will chat more about all that when we are together.
If the latest news being spread around is authentic, the English have ceased to be Europe’s jailers, and Sir Hudson-Low (a name to which horrible memories will be attached for a long time) their turnkey. Napoleon is no more!!! The term of his political life, ending six years ago, was also the term of the fight that, for more than eight centuries, lasted between two rival nations and ended to the detriment of the rather unfortunate France! quis talia fando &—But the great man will live forever in posterity: it is a pleasure that England has not, and will not be able to deny him, and the heinous conduct of that nation will add, if this is possible, greater memories to his glory. ...