Etienne St. Julien de Tournillon to Nicholas P. Trist

“Le Vrai bonheur n’éxiste pas” écrivait made de Maintenon à la duchesse de Savoie: Votre lettre, mon cher Trist, me fait croire le contraire puisqu’elle m’assure que vous êtes parfaitement heureux. je conçois aisément qu’il en doit être ainsi dans la Situation où Vous êtes; et j’envisage pour Vous, avec un bien Vif plaisir la continuation de cette félicité.

malgré toute la peine que doit me causer le départ de mon cher julien, je n’aurais point balancé à Vous l’envoyer immédiatement; mais il est certains préparatifs indispensables à Son voyage: Sa garde-robe avait besoin d’être renouvellée. le tems nécessaire à cet effet me conduirait précisément au mois d’auguste épôque où Souvent les maladies commencent à faire leur ravage à la N. O. il Serait donc peu prudent de l’y envoyer alors pour prendre Son passage à bord de quelque bâtiment destiné pour baltimore; Je lui avais d’ailleurs promis antérieurement de ne le faire partir qu’âprès la roulaison: ce Sont les vendenges de la louisiane laissons le encore en jouir cette année. Je fixe Son départ pour les premiers jours de janvier prochain. je Sens que c’est un tems bien précieux perdu pour lui, car, que fait-il ici avec moi? Rien ou presque rien…et je ne me pardonnerai pas ce retard, il eût dû me quitter depuis deux ans, Si d’ailleurs l’état de mes affaires que Vous connaissez mieux que personne n’eût mis obstacle au commencement de Son éducation. une chose qui me donne beaucoup de Satisfaction et qui lui en donnera Sans doute beaucoup à lui-même dans le cours de Sa vie c’est la bonté et la douceur de Son caractère: puisse-t-il en cela ne pas ressembler à Son père dont l’irritabilité l’a conduit Souvent à bien des erreurs!

les grands-dîners Sont devenus à la mode à la N. o.—dîners aux généraux, aux Sénateurs, aux représentants, aux jurisconsultes, aux présidents et directeurs des banques, &…aussi les cuisiniers Sont-ils beaucoup recherchés, et plusieurs de ces artistes en Sauces Vont être bientôt à même d’acheter des Sucreries &…mais Si cès derniers prospèrent, grâces au goût prononcé qu’on a ici pour la gastronomie; les gens de mérite Sont loin de s’élever ici à cet apogée. j’ai eu dernièrement chez moi un mons. ducoudrey neveu de ce trousson ducoudrey qu’on peut citer âprès les foy, les Constant les perrier &... tous dignes champions d’une liberté malheureusement agonissante. ce jeune-homme plongé dans l’adversité cherchait une place d’instituteur, et à cet effet était venu me voir. le récit qu’il m’a fait d’une partie de Sa vie, de Sa prospérité passée et de Ses malheurs rècents, a laissé dans mon esprit une teinte de mélancolie qui ne S’est point encore dissipée.

La dernière cour à Donaldson à été orageuse; Dav…y a parlé avec chaleur pour Son client a. B. qui a été acquitté, nemine contradicente, quel pays que celui où l’on peut commettre le crime impunément, que d’abus encore dans l’administration de la justice, ou plûtôt quelle honte pour de tels jurés!

Browse est pour la famille, ce qu’est une comète dans le Système [. . .] planétaire; il ne paraît que très rarement; cependant Sa présence ici n’a point L’effet qu’avait chez les anciens l’aspect de ce Signe lumineux. j’ignore à qui attribuer cette indifférence; il se portait bien il y a cinq Semaines, épôque depuis laquelle nous ne l’avons Vu.

que pensez-Vous du changement Subit et heureux que Viennent de Subir les cotons?…voilà qui détruit l’opinion qu’on S’était faitte Sur le Sort de ce lainage, car tout nous porte à croire que les prix Se Soutiendront. Le Sot de Vella, il est bon de Vous le nommer, car l’épithète convient ici à tant de gens, que vous n’auriez pû le distinguer dans la foule, a gagné cette année $85000. où La fortune va-t-elle se nicher?…plusieurs maisons de commerce ont réalisé des Sommes énormes; Entr’autres, celle de V. N. et C. a fait dans l’espace d’un mois $300000. Voilà bien qui a toute l’apparence du Rêve; ce qui l’a moins; et ce qui sait nous réconcilier avec la fortune capricieuse; c’est que notre ami White est devenu propriétaire d’une habitation, Sise Sur la rivière plaquemine, avec une Vingtaine d’esclaves.

Je Suis charmé que Vous ayez reçu les derniers Volumes des Vict. et Conq. je les lirai avec plaisir.

les loix Sur le Sacrilège et l’indemnité aux En[. . .] Semblent tendre En france au retour de l’ancien ordre des choses: la prédiction de Nap. commence à S’accomplir: “avant dix ans la france me regretera.”

made Brown a reçu avec un bien Vif plaisir la lettre De Votre épouse: Sa Santé est passable, mais Son caractère a beaucoup changé. Julien et mary Se portent à merveille. ils Desirent tous les deux vous voir et Surtout faire Connaissance avec leur Sœur qu’ils Vous prient d’embrasser bien tendrement pour eux. adieu mon cher trist écrivez-moi le plus Souvent que Vous pourrez. présentez J. V. p. à Votre épouse l’assurance de mon profond respect et recevez celle de mon amitié bien Sincère.

Tournillon.

editors’ translation

“There is no such thing as true happiness,” Mme de Maintenon wrote to the Duchess de Savoie. Your letter, my dear Trist, makes me believe in the contrary, as it assures me that you are perfectly happy. I can easily conceive that it must be so in the situation in which you are, and I foresee with great pleasure the continuation of your bliss.

Despite all the sadness that my dear Julien’s departure would bring me, I would not have hesitated to send him to you immediately, but are certain preparations indispensable for his trip, his wardrobe needs to be renewed. The time necessary to this effect will take me precisely to the month of August, when sickness usually starts ravaging New-Orleans. Therefore it would not be very prudent to send him there at that time to book a passage aboard some ship sailing for Baltimore. Besides, I had promised him earlier to send him away only after the harvest of the sugar canes, which in Louisiana is like the grape harvest season. Let him still enjoy it this year. I am settling his departure for the first days of next January. I feel that it is a waste of very precious time for him, because what does he do here with me? Nothing or almost nothing!... I will not forgive myself this delay. He should have left me two years ago, if the state of my business, which you know better than anyone, had not otherwise been an obstacle to the beginning of his education. One thing that gives me much satisfaction, and will undoubtedly give him much also in the course of his life, is the kindness and gentleness of his character. In that regard, may he not resemble his father, whose irritability has often led him to quite a few errors!

Great dinners have become fashionable in New Orleans—dinners for generals, for senators, for representatives, for jurisconsults, for presidents and directors of banks, &... so much so that cooks are very much in demand, and several of those sauce artists will even soon be able to buy sugar plantations, &... But if they prosper, thanks to one’s pronounced taste for gastronomy here, people of merit are far from rising to this apex. I recently had the visit of a Mr. Ducoudray, nephew of the Trousson Ducoudray whose name can be mentioned together with the Foys, the Constants, the Perriers, &..., all worthy champions of a liberty that is unfortunately now dying. This young man, drowning in adversity, was looking for a teaching position and had come to see me to that effect. The account he gave me of a part of his life, of his past prosperity and recent misfortunes, left in my mind a shade of melancholy that has not yet dissipated.

The last court session in Donaldson was stormy. Dav… spoke there hotly for his client, A. B., who was acquitted nemine contradicente. What a country, where one can commit a crime with impunity! What an abuse in the handling of justice, or rather what a shame for such jurors!

Browse is for the family what a comet is in the planetary system. He shows up only very rarely, and yet his presence does not have the appearance that that luminous sign had among the Ancients. I do not know to what I should attribute this indifference. He was well five weeks ago, and since that time we have not seen him.

What do you think of the sudden and happy change that cotton has undergone?… This destroys the opinion people had about the fate of this woolen material, because everything leads us to believe that the prices will hold. Silly Vella, I do well to name him for you, because the epithet suits so many people here that you would not be able to make him out in the crowd, made $85,000 this year. Where does fortune lodge itself? … Several businesses made enormous sums. Among others, V. N. and Co. made $300,000 in the space of one month. Here is something that has all the appearance of a dream. What does less so, and must reconcile us with capricious fortune, is that our friend White has become the owner of a house situated on the river Plaquemine, with about twenty slaves.

I am delighted that you received the last volumes of Victoires et Conquêtes. I will read them with pleasure.

The laws on sacrilege and on indemnity for the [. . .] seem to point to the return of the old order of things in France. Napoleon’s prediction starts to be fulfilled: “In ten years’ time, France will regret me.”

Mrs. Brown received your wife’s letter with great pleasure. Her health is reasonable, but her character has changed a lot. Julien and Mary are marvelously healthy. They both wish to see you and especially get to know their sister, whom they beg you to kiss tenderly for them. Farewell, my dear Trist. Write me as often as you can. Please present your wife with the assurances of my profound respect and receive those of my true and sincere friendship.

Tournillon.
RC (NcU: NPT); dateline at foot of text; addressed: “Monsieur Monsieur n. P. Trist charlottesville Virginia”; stamped; postmarked Donaldsonville, 20 June; endorsed by Trist: “Tournillon (St J). Donville June 18–25.” Translation by Dr. Roland Simon.

nemine contradicente: without opposition or dissent (Bryan A. Garner and others, eds., Black’s Law Dictionary, 7th ed. [1999]).

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Date
June 19, 1825
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