Etienne St. Julien de Tournillon to Nicholas P. Trist

Je Suis Enchanté, mon cher trist, que Vous Soyez Devenu plus raisonnable et que vous ayez abandonné vos projéts gigantesques d’Embrasser une profession pour laquelle, je pense, vous n’êtes jamais né, et qui d’ailleurs n’offre dans tous les tems que L’aspect de toutes les vicissitudes de La Vie. rien n’est plus pénible pour un homme bien né que La dépendance; et certainement ce n’est pas dans un Semblable état qu’on peut Se flatter d’En être à L’abri; rien n’est plus répugnant que d’être obligé de recevoir des ordres de Son Semblable et Souvent d’un personnage que vous méprisez intérieurement: que de dégoûts, que d’humiliations, que de peines on a à epprouver Lorsqu’on Se trouve placé dans La dure nécessité de faire ce qui répugne à Son cœur: (et Surtout tous que parmi les personnes qui vous Entourent vous n’En pouvez considérer aucune vous n’En pouvez choisir aucune dans le Sein de laquelle vous puissiez épancher vos chagrins) … Voilà, mon cher n. La Situation dans laquelle Vous vous trouveriez bien Souvent Si vous persistiez à Embrasser une profession qui vous écarterait de tout ce que vous avez de cher au monde, de votre tendre mère qui compte ne jamais Se Séparer de vous ni de votre frère.

on Doit toujours Suivre les gradations de la vie: quelque Soit le genre d’état que vous adoptiez p Vous ne pouvez éclipser dans les commencements. pensez-vous que Si vous vous livriez au bureau Vous puissiez être de Suite un cochin? non, ce n’est qu’à force d’études que vous parviendriez peut-être à ne pas vivre ignoré parmi vos confrères. L’état militaire est le même il faut Languir des années entières dans un état une Condition Subalterne avant de parvenir à un grade un peu éminent; et même avez-vous quelquefois obtenu ce grade que vous desirez? alors L’Envie et Les jalousies de vos Supérieurs et Souvent de vos inférieurs cherchent à vous nuire: tous les états ont Leur peine plus ou moin grandes nous devons donc nous attacher à celui qui En offre le moins?

Les limites d’une Lettre, mon cher n. ne me permettent pas de vous dire tout ce que je pense et tout ce que je desire. personne n’a plus que moi à cœur votre bonheur et votre félicité: vous Entrez dans un âge où tout paraît beau où tout est brillant: ne vous laissez pas fasciner les yeux ne Saisissez pas avec avidité tout ce qui Se presente à Votre imagination: consultez les personnes dans lesquelles vous avez le plus de confiance: ne faîtes rien Surtout de ce qui peut causer quelque chagrin à votre tendre mère: livrez-vous presentement tout Entier à L’étude acquérez les connaissances dont vous avez besoin et croyez Surtout que vous avez dans moi un père qui Songe plus à vous que vous ne pensez.

par La première occasion je ferai payer maurice et je vous Enverrai les cartes et les livres que vous demandez.

Je vous Embrasse tendrement
tournillon.

editors’ translation

I am delighted, my dear Trist, that you have become more reasonable and abandoned your gigantic plan of embracing a profession for which, I believe, you were never intended, and which, besides, seems to offer nothing but all the vicissitudes of life. Nothing is more painful for a well-born man than dependency, and certainly one cannot pride oneself on being sheltered from it in such a career. Nothing is more disgusting than being obliged to receive orders from one’s peers and, often, from someone you secretly despise. What disgust, humiliation, and hardship one has to bear when one finds oneself under the difficult necessity of doing what is repugnant to one’s heart (and especially when, among all the people who surround you, you can neither consider nor choose one in whom you might share your sorrows) … There, my dear N., is the situation in which you would quite often find yourself if you persisted in embracing a profession that would separate you from everything in the world you hold dear, from your loving mother, who never intends to part from either you or your brother.

One must always follow the gradations of life. Whatever situation you wish to adopt, you cannot expect to shine brightly at the outset. Do you think that if you gave yourself over to the law, you could be a Cochin right away? No, it is only by dint of study that you might perhaps succeed in not being ignored by your colleagues. The military profession is the same. You must languish for years as a subordinate before reaching a somewhat eminent rank. And do you ever obtain the rank you desire? Then the envy and jealousy of your superiors and often of your inferiors seeks to harm you. Every station in life has its sorrows to a greater or lesser extent. In consequence, shouldn’t one adhere to the one that offers the fewest?

The limits of a letter, my dear N., do not allow me to tell you everything I think and desire. No one has your happiness and felicity more at heart than I do. You are entering upon a time of life when everything appears beautiful and sparkling. Do not let your eyes be blinded or eagerly grab at every object that presents itself to your imagination. Consult with the people you trust the most. Especially, do not do anything that might sadden your loving mother. For the present, immerse yourself in your studies, acquire the knowledge you need, and, above all, trust that you have, in me, a father who thinks about you more than you know.

The first chance I get, I will pay Maurice and send you the maps and books you ask for.

I embrace you tenderly
tournillon.
RC (NcU: NPT); dateline at foot of text; addressed: “N. P. trist. Nlle orleans”; endorsed by Trist: “St J. Tournillon Baton rouge. April 16. 1816.” Translation by Dr. Roland H. Simon.
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Date
April 16, 1816
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